Culture monumentale
« - Crottoir ô mon beau crottoir ; demandait la rue (1) en s'y contemplant au petit matin à l'heure des minets poltrons ; dis-moi que je suis la poubelle de cette cité ». Invariablement celui-ci lui répondait : « la place du Temple est plus dégueulasse que toi » au point qu'elle pensait à raser cette verrue pour rester la reine de séant. Au nom de la laïcité cette dernière, elle, envisageait sérieusement de démolir l'édifice qui confinait ses ordures à un recoin afin de prendre ses aises et étaler alentour ses atours d'immondices.
Ça dure depuis des années, avant c'était carrément au mitan de la place.
Théo, notre Barde, relaie une lectrice qui lui a souligné l'état déplorable du centre ville et en particulier de la place du Temple ; ce que je n'ai pas attendu pour faire depuis des années, mais moi.. hein ?
Ensemble, ils conjuguent un regard sans complaisance sur le peu d'attractivité que cela engendre.
On avait un point noir du même genre au pied du donjon antérieurement à la rénovation ; à l'époque j'avais suggéré au service déchets de la CAN de créer comme jadis (je suis parti de la Région parisienne depuis 15 ans) dans certaines villes d’Île de France des petits enclos cachant les poubelles à la vue, avec une entrée « en colimaçon »... C'est moins onéreux que les bennes enterrées de la Roche sur Yon ou Saint Jean d'Angély ; autrement robustes que nos « buses » à tri de la brèche en tôle légère ; qui comportent une entrée « ordures ménagères ». Le problème que ça pose c'est que chez nous y'en a pas un qu'est foutu de réduire le volume de ses déchets par compactage. Ça finirait quand même par déborder je le crains. Aplatir une boite de conserve en ouvrant le fond avant est pourtant facile, transformer en galette une bouteille en plastique d'un coup de pied ou juste avec la main en ôtant le bouchon au préalable, c'est trop difficile pour eux. Que voulez vous ils sont fragiles tous autant qu'ils sont ; ils sont rongés par la maladie, n'ont plus de forces. Les pauvres ont du mal à traîner leurs jambes, qu'ils n'ont pas les moyens de soigner, tant qu'on les voit avec une canne péniblement avancer protégés des variations de température par un couvre chef. C'est d'ailleurs permanent que les voyant dans cet équipage je leur demande systématiquement s'ils vont à Compostelle où s'ils ont perdu leur troupeau tant ils ont l'air idiots. La preuve qu'ils le sont c'est que souvent ils ne répondent pas ; ils ne doivent pas être tout à fait nets je vous dis. Il est vrai qu'ils sont timbrés puisque une de ces vignettes a été émise en leur honneur.
(1) j'aurais pu choisir plusieurs rues points noirs et mon cœur oscillait telle l'aiguille d'un compteur Geiger à Fukushima... alors j'ai pas nommé...
NDLR : La première photo date, mais c'est pour bien enfoncer le clou... Je n'ai plus le cœur à photographier là-bas, il faudrait peut-être que je m'y remette ? La sorcière : création perso bien sur. La photo du mitan est prise place du donjon, datée d'avant la rénovation ; c'est un des jours les moins crado de l'époque. Le timbre est un timbre réel parodié par mes soins, j'en ai aussi changé la valeur faciale, par jeu.