Les pleurs des crin-crins de l'automne
Les pleurs des crin-crins de l'automne transpercent mon coeur d'une infinie douleur appelant mon âme à la méditation, l'introspection et la compassion, tandis que d'autres jouent avec la vie, celle des autres et des êtres, juste pour leurs plaisirs ou leurs profits. Je suis toujours sidéré d'autant de bêtise et de méchanceté. Il y a eu, tout près de moi, cette bijouterie braquée, alors que ces gens sont loin de rouler sur l'or qu'ils vendent en petite quantité ; la dame continue d'exercer un deuxième métier à temps partiel tandis que monsieur continue de travailler alors qu'ils ont dépassé l'âge de la retraite. Oui des gens gentils ; il leur est arrivé spontanément de nous donner à manger lorsque nous avions faim, mais bien d'autres pourraient témoigner. Il y a tous ces massacres aux frontières de notre monde prétendu civilisé alors qu'il sombre dans un chaos sans nom qu'on cache sous le tapis en justifiant l'injustifiable. Et tous ceux qui se font un plaisir de tuer pour s'amuser.
La nature flamboie de ses derniers éclats avant les somnolences hivernales rigidifiée par les rhumatismes du gel et de la douleur, frissonnante et noyée des larmes du ciel. Cette nuit du 27 au 28 septembre la lune elle même se teintera de sang, comme les sillons et les routes des zones guerrières se gorgent de sang impur qui est toujours celui de l'immonde autre, jamais le sien propre. Il y a ceux qui tuent des hommes ; au nom de n'importe quoi ; ce fut le parti, l'idéologie, capitalisme ou communisme, liberté de choisir son maître auto-proclamé, ou Dieu, ou même le diable...
Il y a ceux qui utilisent les dernières bêtes en liberté comme des jouets pour tirer dessus alors même qu'ils n'en n'ont pas besoin pour manger tant ils sont repus. Liberté relative puisque la plupart ont été payées à grand frais et lâchées peu de temps, voire la veille (je l'ai vu faire), de l'ouverture à cet effet.
Mais eux encore peuvent se draper dans la cape du sport comme justification face aux interrogations des êtres sensibles. D'autres tuent volontairement avec pour seule arme la jambe mécanique qui a envahi et structurée notre société de gaspillage : l'automobile. Vous me ferez croire sans doute qu'à 30 km/h maxi, sur le parking de la gare de Niort, au petit matin, il n'était pas possible d'éviter un faisan ?
Faisans et autres bêtes, vos chats par exemple, que vous laissez errer, comme en témoigne mon album "Victimes". Et aussi des hérissons.
Au point, en ce qui concerne les hérissons, que quand j'en croise un vivant et en bonne santé, je suis tout étonné et me demande toujours comment l'espèce aussi vulnérable arrive à survivre en milieu hostile. C'est une véritable hécatombe quotidienne. Mais qui va se soucier d'un hérisson, à part moi, dont l'utilité vous échappe complètement ? J'ai vu de la même façon ; je parle en tant que témoin direct, pas de ceux rapporté par les entrefilets des rubriques faits divers ; tuer des enfants de la même façon. Par exemple il y a 50 ans, ou en 1988 aussi, ailleurs... On se soucie de la vie quand il est trop tard. Plus rien n'a de valeur réelle et je me demande même si quelque-chose en a eu un jour ?
Plus rien n'a de valeur, et si j'ai montré ce qu'on arrive à faire en matière de nourriture avec une partie seulement de ce qu'on a pu récupérer ; quelques plats parmi des dizaines d'autres ; je montre rarement ce qu'on récupère d'excellent qui révèle combien le mépris de la vie s'étends à ce qu'on en tire et produit. Ces dernière photos n'ont que quelques jours... Tout est déjà consommé et je suis toujours vivant. Ma chérie aussi je vous rassure. Détail au milieu des kg que nous récupérons, consommons et partageons, et ceci n'est qu'une goutte d'eau dans l'infini gaspillage planétaire.
Petit clin d'oeil au passage à Jean-Claude, un autre biffin, qui s'était récupéré une quantité mahousse d'avocats et nous en a filé une poignée. Comique d'ailleurs parce que d'habitude il nous fuit, il a peur de nous, mais là il se sentait écrasé par ce qu'il avait et n'ayant que nous présents sur place du nombre de la faune des traînes plus ou moins misère, plus ou moins marginaux, il a fait composition ; de sa propre initiative s'entend. La boite de crabe farci allègrement les avocats avec de la mayo tout autant de récup... Y'a des jours, avec vos absurdités, on bouffe comme des rois. Ça compense les jours où on se tape la cloche devant une soupe aux cailloux. Nous sommes représentatifs de l'absurdité de la société qu'a produit la modernité. A trop rationaliser ses engrenages, on l'a désenchantée jusqu'à l'aliénation. Mais ce n'est pas si neuf. La différence entre hier et maintenant est dans l'accumulation des moyens techniques, et la mainmise humaine sur la totalité des ressources et espaces qui rendent inéluctable le processus d'effondrement. Nos ancêtres auraient eu nos moyens, je crains qu'il n'auraient guère fait mieux. « Y aura-t-il un avenir pour les justes qui vivent parmi les malfaisants ? » [Zarathoustra]
NDLR : la première image est un montage de quatre de mes photos, y compris la croix captée sur une carrosserie de bagnole, rue de la Marne. La citation de Zarathoustra, elle, est tirée de "les Gathas, le livre sublime de Zarathoustra" chez Albin Michel.