Une goutte d'eau dans un océan
Un couple se tenant par la main, marchant sur une terre désolée, desséchée vers un horizon incertain à la recherche de l'eau vitale pour leur survie. Un jour la misère les chassera peut-être sous d'autres cieux ; la misère et/ou la guerre. Ils croiront partir chercher l'herbe verte et finirons étrangers, fustigés, honnis, dans un bidonville peut-être. Je sais ; en Afrique ce sont généralement les femmes qui sont de corvée d'eau. Les femmes et les enfants. Des kilomètres à pieds, une lourde charge à porter, pour quelques pauvres litres du précieux liquide que chez nous nous gaspillons à l'envie. J'en ai déjà parlé. Mais le tableau qui se veut image idéale, projection de l'amour, de la force du couple dans l'adversité, qui partage ensemble l'épreuve, m'a plu. Je l'ai trouvé vers 5 h du matin, en un de ces dépôts sauvages chronique de la ville. Il est abîmé, alors je l'ai laissé contre le mur. J'en ai déjà plein des tableaux qui ne servent à rien. Je n'ai même pas la place de les accrocher. Mais cette image forte de la complicité dans l'adversité m'a fait penser à nous, qui ne nous sommes jamais lâchés la main dans l'adversité, quelque soit la vindicte ou les difficultés. Comme eux nous allons par des chemins incertains, marchant des kilomètres pour un légume jeté, et même oui, une bouteille d'eau entamée et abandonnée. Comme eux, ce que vous gaspillez nous est précieux. Comme eux nous sommes étrangers sur la Terre. Une image des vrais damnés de la glèbe, de la mémoire universelle des vaincus jetés aux rus qui forment les torrents aspirés par le tonneau des Danaïdes de la dilapidation universelle ; écologique et sociale. Les deux sont à jamais liés, indissociables, c'est ce que beaucoup n'ont pas compris. Je crois aussi que sans un certain sens de la sacralité de la vie, sa préciosité, il est impossible de faire le pas qui sépare la gabegie de l'économie.
Vous faites fi de tout. Il était 6 h ce matin quand je me suis fait une montre. L’événement dérisoire pour un objet qui n'a sans doute pas coûté très cher vaut la peine d'être raconté. J'avais pris la peine de m'encombrer de quelques emballages qui jonchaient le parking que je traversais en diagonale et suis allé à la poubelle près des parc mètres. Une de ces poubelles transparentes souple, qu'on voit à l'intérieur, à la merci d'être emportée par le moindre coup de vent ; j'ai d'ailleurs trouvé plusieurs de ces sacs, vides, à traîner, parfois. Le sac était plein de poches et cartons de bière, rien de bien sale. Et puis j'ai aperçu ce cercle de caoutchouc, quasi sur le dessus. Je me suis demandé ce que c'était et bien m'en a pris : elle fonctionne la montre, et même bien ! A l'heure juste la tocante ! J'ai vérifié depuis. J'en ai d'autres, on m'en a offert deux, mais voilà, elles sont trop belles pour être portées quotidiennement. Imaginez que je les abîmes ? Que je les perde ? C'est bon pour les grands jours, pour « faire bien »... Alors que celle là, si je la paume, ce sera dommage pour l'environnement, mais pour le reste, pas de chagrin. Si je la sali ou l’abîme, pas grave, elle vient d'une poubelle.
Qu'est-ce qui lui a pris à celui qui l'a balancée ? Remarquez qu'il y a quelques mois, j'ai fait de la même façon, mais dans une autre, une calculette de poche quasi neuve. Je ne m'en sers guère, mais ça peut dépanner quand je suis fatigué.
Le même jour que la montre, ailleurs, c'est un plein canard d'Harpic WC que j'ai dégoté, plus quelques autres bricoles, de la part de quelqu'un qui ne sait pas trier.
Le restorat : Toutes les photos Le restorat - CANAL-DECHARGE : Ici c'est ce qu'on a bouffé ces derniers mois ; préparé uniquement à partir de déchets...
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Pendant que certains manquent de tout, vous gaspillez tout, et en particulier la nourriture, comme en témoigne mon album le « Restorat » qui ne donne qu'un petit aperçu... Il y a des photos que j'oublie de publier. Depuis quelques temps je commente les photos... Avant je les jetais sur la toile en vrac, un peu par dégoût, un peu par dépit. Puis je me suis mis dans la tête de préciser les choses... Faire la part de la récup 100 % des cadeaux reçus qui atterrissent ailleurs, sur l'autre blog, dans un autre album. Afin de me faire une idée précise de votre rapport à la réalité par rapport au nôtre. Au début de ce blog mon intention était de jeter la crasse à la face du monde ; preuves à l'appui. Maintenant j'ai élargi mon champ d'investigation et je veux aussi souligner le gaspillage, depuis pas mal de temps déjà. Parce que quoique ce soit dérisoire ce que nous récupérons, et peinons beaucoup pour cela, ça souligne combien le problème est important. Le peu que nous sauvons est une goutte d'eau dans un océan de dilapidation... Ou de connerie ?