Sous l'oeil de la lune
J'ai promené mon cafard sur les trottoirs blafards sous la clarté lunaire qu'on nous annonçait extraordinaire mais je l'ai trouvée bien commune et j'ai vu autrement plus féerique ; comme la nuit de la dernière éclipse par exemple, ou un soir, en campagne, quand nous avions encore une voiture ; elle s'était levée énorme et ensanglantée sur l'horizon par un effet d'optique dont la nature a le secret. La compagne de nos nuits présente mille visages au fil du temps sur lequel elle renseigne qui sait lire dans le livre muet de la création. Ceci depuis nos ancêtres les gaulois et même avant. Ah zut, je vais me faire traiter de facho ! Parce qu'il paraît maintenant qu'on n'a pas d'ancêtres gaulois. C'est la nouvelle mode. Ce serait raciste parait-il de le dire. Il est vrai que celui qui l'a réaffirmé est de souche hongroise ; peuple qui trimballe toutes sortes de raisiné dans ses tuyauteries, sauf justement celui de gaulois. Enfin je m'en fous de vos débiles péroraisons ; continuez donc de creuser, la tour finira bien par s'écrouler. Je profite des quelques beautés offertes quand c'est possible. La lune me fascine depuis toujours. Je voulais faire la jolie photo que voilà, et à part elle j'ai pas rencontré grand chose, pas même un chat, ce qui est rare ! Il est vrai que je ne suis pas allé très loin...
Parmi les promeneurs de juste avant l'aube, j'ai croisé ce fauteuil passablement râpé qui cherchait son chemin. Incapable qu'il était de se souvenir son adresse, je l'ai gentiment poussé ; il roule comme un sou neuf ; jusqu'à mon annexe en ville...
J'ai aussi déniché une valoche rigide dont je ne comprends pas encore pourquoi elle a été balancée, ainsi qu'un joli bouquet... Quelques autochtones de race pure ; qui n'abreuveront donc pas nos sillons de leur sang ; ont commencé de décorer la ville en prévision de Noël sans doute. C'est la quatrième décharge en quelques centaines de mètres. Je vous colle celle là, c'est représentatif ; en tenant compte du fait que je n'ai pas photographié la plus grosse. Il m'aurait fallu utiliser le flache et c'est un endroit où on ne supporte pas ma présence. Entre agressions et insultes, quand on ne me lâche pas les chiens, j'ai intérêt à faire gaffe. Mais j'y passe quand même ! Je ne vais pas non plus abdiquer totalement devant des cradingues non ? C'est tout de même délirant qu'on en soit encore à dégueuler nos ordures en vrac sur les trottoirs au pays du préfet Poubelle. C'est bien français la poubelle. Au contraire des pissotières qui sont, elles, italiennes, ou plutôt romaines (Vespasien : Imperator Caesar Vespasianus Augustus). Mais il est vrai que polluer est une seconde nature... Y compris avec les meilleures intentions du monde...
PEUT-ÊTRE avez-vous vu, il y a quelques années, cette série de photographies prises par l'artiste américain Chris Jordan lors du tournage de son film Midway Journey , ces cadavres d'albatros dont la décomposition laissait apparaître le contenu : les oiseaux étaient morts gavés, mais gavés d'une myriade de petits objets en plastique.
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J'ai évoqué le plastique poison universel dont se gave la faune qui en périt, dans le précédent papier, et maintes fois. Il semble qu'on comprenne maintenant le mécanisme qui amène ces pauvres créatures à gober nos saletés répandues à l'envie... Ça n'excuse absolument rien et nous sommes responsables de notre comportement. Une poche, un ballon, ça peut faire des milliers de bornes avant d'aller étouffer une tortue ou un oiseau.
L'hommage aux 130 victimes des attentats de Paris avec un émouvant lâcher de ballons. #13Novembre2015 #Parissesouvient pic.twitter.com/4dYXv4p442
— Remy Buisine (@RemyBuisine) 13 novembre 2016
N'aurait-on pas pu lâcher des colombes plutôt que des ballons pour marquer notre deuil ? C'est plus cher ? Et alors ? Au moins ça ne pollue pas ! Et ne me dite pas que tous les endeuillés sont aussi désargentés que moi !Des colombes de la paix, je crois que ça leur aurait plus à nos chers disparus, et à pas mal de nos traumatisés. Contrairement à ce que vous pourriez penser, je suis très concerné... J'avais des ami(e)s sur place au moment des évènements... J'ai passé une nuit et une journée à relayer des infos, des appels au secours... Pourquoi encore jeter du plastique dans la nature au nom du chagrin et du souvenir ?
Et la plus grande masse va récidiver dans le gaspillage et le déversement d'ordures n'importe où à Noël qui se profile à l'horizon. Parce que, comme on me l'a jeté à la figure récemment ; ce qui est important à Noël c'est de faire de grosses dépenses, de gros cadeaux. Moi j'en aurais même pas de petits, mais moi, on sait bien que je compte pour du beurre... Il y a une distance entre rien et exagération dans l'autre sens. Pendant que je dactylographie pour me réchauffer, je suis transi ; mes articles ne servent à rien on sait bien ; d'autres chauffent à 25 °. Ceci au moment où notre déficit va encore se creuser parce que 21 centrales nucléaires sont à l'arrêt pour fragilité (obsolescence ?) et qu'on va devoir importer de l'électricité... Il a bonne mine le nucléaire !